De Chair et de Cendres – notes sur «Memento Mori»

DE CHAIR ET DE CENDRES
Notes  sur « Memento Mori » Anthologie, Otrante, France, 2016.

Édition établie par Florian Balduc

 De nos jours l’opposition entre ce qui  remet au registre du mythos et nous renvoie aux croyances, ou à la littérature, car le mythe nous parle d’un savoir transcendant et non vérifiable, et ce qui a trait au logos, verbe établi en raison, qui veut démontrer et prouver, semble irréconciliable. La philosophie les oppose, nous appelant à la raison éclairée, loin des ténèbres de la néfaste fantaisie humaine.

Nous nous retrouvons face au divorce quasi insurmontable entre le monde des hommes et le monde des dieux ou des morts outre-tombe, ces visions séduisantes ou effrayantes,

Qui se réduiraient à une connaissance de l’imaginaire, car rien de ce qui est du registre du « paradis » ou de « l’enfer »  ne semble à prime abord vérifiable ou même présenter une utilité scientifique.

Pourtant cette connaissance qui sans cesse rappelle la présence de forces transcendantes et extérieures à l’homme : souffle, inspiration, perdition, certes oui puise dans le réservoir de l’imaginaire et amène à la surface nos émotions souterraines les mieux enfouies, car souvent marquées par le sceau du délire et de la folie, existe de fait hors de nous : comme imaginaire social, présence des forces inconscientes de l’imaginaire du groupe et qui va agir de façon exogène, transcendante sur la personne.

Protégée ou maudite par le groupe, elle va se trouver en proie au ballet de bénédictions ou  de malédictions voilées lorsqu’elle enfreint les codes de la morale de son temps et pactise avec ce qui est du registre du diabolique et du mal. Ève et Faust, qui prennent l’allure de l’homme ou la femme de la rue dans Memento Mori vont être témoin des danses macabres et s’en trouvent profondément altérés.

La danse va avoir un effet punitif ou salvateur, soit parce qu’elle va déclencher une frayeur irrémissible ou bien une soudaine prise de conscience, voire les deux simultanément.

Or ce qui semble un apport pour nos sciences humaines dans la connaissance mythique, et Jean pierre Vernant s’y est déjà longuement penché et qu’elle va être exprimer un code de conduite pour les émotions, voire un code punitif pour ces émotions qui transgressent la morale établie, nos passions humaines.

La danse macabre, la ronde des morts désigne du doigt la vanité des vivants, tous égaux dans la conditions de damnés au cimetière, égaux dans leur condition fautive, car complices à un instant de leur existence d’avoir frayé, parfois non intentionnellement avec le mal, lors souvent d’un moment d’amour irrépréhensible.

Plusieurs questions se posent alors, par les mythes nous avons une éducation des émotions, mais doit elle être la seule, est elle la meilleure?…. En effet la folie dont témoignent les hommes lorsqu’ils sont l’objet de la force des dieux ou des diables, une folie sans appel, nous remet encore une fois à notre méconnaissance de l’inconscient, notre manque d’habileté avec nos émotions, notre difficulté à connaitre et vivre nos passions, alors que

Nous pourrions en faire, comme dans ce bel ouvrage : de la littérature, de la poésie, de l’art, du théâtre. Au lieu d’interdire une passion en faire le siège de la création.

En effet l’enfer de cette danse qui se reproduit comme un leitmotiv, inéluctable et acharnée, troublant le repos des morts, ressemble étrangement à la danse macabre des passions humaines  et nous avons en un recueil mêlé la chair et les cendres,  les morts bien lucides  qui nous content la vie de l’autre coté du miroir, enfin brisé par la ténacité littéraire.

Le livre devenu objet rare, trop peu fréquenté   parle de la condition humaine,  la mort toujours à l’horizon, les passions réprimées et qui peuvent exister, prendre forme, dans les textes les plus osés ou les plus secrets. Le désir bien vivant; le souffle fétide ou salvateur de nouveau à l’oeuvre nous emporte dans une ronde  où les mort interpellent les vivants et composent avec eux.

Les frontières sont abolies et les morts reviennent et s’expriment. Ils ont tant à nous dire.

Écoutons les….

© Mar Thieriot inédit – tous droits réservés.

Pour commander l’ouvrage: http://www.otrante.fr

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