Post opératoire [2018]

“Première neige” Photo Mar Thieriot

Les jours coulent mornes
Tu vis engourdi de fatigue
Endormi la plupart du temps
Tu mélanges les jours
Lentement tu cicatrises
On ne connait pas les résultats de la biopsie
Tant mieux
Cela nous laisse un mois de marge.
Les traces du bistouri sur le torse
Je te lave
Je marche
Je marche
Le vent souffle fort
Il neigera bientôt sur la ville
Recouverte d’un drap d’hôpital
Je flâne dans une librairie
J’ai oublié le salon du livre
Mon Facebook est désactivé
Mes réseaux sont en plan
Je vis au rythme de ton pouls
Il est réglé à soixante
Je te lave
Je me lave
Je marche
Je ne dis rien
Je fuis le monde
Un livre happe mon regard :
La fatigue des fruits
Cela parle de corps malade
Encore
C’est un beau livre
Je te lis un passage
Que tu détestes
Tu te reconnais
Tu détestes
Tu ne veux pas en parler
La neige
Toi
Le vent
La marche
Silence : on survit.

Mar Thieriot – Inédit “Mains dans les mains”

Comme les tortues

Photo: Crédit P.P. Bernardo

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Comme les tortues
et les escargots
Je porte l’essentiel avec moi
Le coeur
La pensée
Les pas
– L’armure
J’ai appris à me reconnaitre
Voyageuse
D’un monde
À l’autre.

Notre seule vraie patrie
Notre maison.
ce « beau danger d’écrire »
Et les compagnons
choisis entre tous
Une poignée de poètes
De peintres
De génies
D’oiseaux

Pour eux le rêve
Se fait présent
Sur le vent
Où les voiles
mènent
Au-delà
mènent
Ailleurs
mènent
Au plexus solaire
À la cible perforée
D’une déclaration
furtive
Loin de la limite
En cet instant pauvre
où la parole déborde
Comme une Lame
De fond
Constance lucide

Mar Thieriot

Couleur de bout de la nuit

 

 

Couleur de bout de la nuit
Les vagues de souffrance
envolées
La lumière basse
Adoucit nos jour

Il se lève
Pour nous,
Une nuit étoilée

Calme
Claire
Avant de sombrer
dans un sommeil
Peuplé de tous les songes

Lentement tu ouvres
Mes yeux myopes
sur le soleil noir
D’un automne irréversible.

Mar Thieriot in “Née de la dernière pluie” – Inédit

Myopie

Photo – Patrick Loisel

 

Tombée du soir automnale
Peuplé d’ombres
Parfumées et brûlantes

La vie coule
Force fragile
De tes mains ridées
De mes yeux cernés
De gris et de myopie
De nos yeux d’eau
Pour boire en enfer
De tes griffes d’aigle
Blessé
De ton sommeil indifférent
À ton entourage

Un voile se lève
Sur une nuit profonde
Où luisent lointaines
Les étoiles silencieuses
Un scalpel tranche la chair
De nos mémoires
Le cœur se bat
Pouce à pouce
Pour tenir
Une aube encore

Mar Thieriot